mardi 21 août 2007

Poèmes : Thrènes d’avant l’aurore

Notre île n’est plus rien qu’un grenier vide, emplie de famine et de cloportes,
ravalée au niveau des pays les plus démunis.
Terre sainte de mes aïeux !
La souffrance de voir tes enfants toujours fiers,
toujours parés
de leur histoire,
de leur richesse,
de leur passé tout rayonnant de gloire et de vaillance,
aujourd’hui rabaissés en peuples de clochards,
les faméliques pèlerins de la secte du dénuement,
piétinant lourdement au seuil du temple bas de la mendicité,
les citoyens voûtés sous le poids de la tristesse de survivre !

Quelle honte ! Quelle infamie !
Terre sainte de mes aïeux !
Qu’a-t-on fait de ton nom, Madagascar,
autrefois haut symbole de l’aigle au vol royal,
déployant dans l’azur ses ailes aussi libres
que l’air épris jalousement de l’étendue du ciel,
ses grandes ailes libres jouant le jeu du vent,
du vent, maître absolu de ses ébats comme de sa voltige
et de son tournoiement,
du vent, lutin cosmique
lancé sur le parcours de l’esplanade des planètes !

« Thrènes d’avant l’aurore de Jacques Rabemananjara (1985) »

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